La route entre Amman et Baghdâd

C’était en aout 2001. Ca ne date pas d’hier, mais ca vaut le coup de raconter cette épopée!
L’Irak était alors sous embargo américain, pour « punir » Saddam Hussein après la guerre du golfe. Tous les citoyens irakiens payaient le prix fort. Ils souffraient plus que l’on peut imaginer de la dureté d’une politique absurde.
En route!
Pas de vol direct pour Baghdâd, on se s’y rendait que par la route. Les autorités délivraient les visas irakiens au compte goutte. Nous avions obtenu le notre grâce à l’invitation officielle du ministre des affaires étrangères de l’époque, Tarez Aziz.
Nous partions d’Amman, en Jordanie, pour nous rendre en taxi à Baghdâd, distante de 1000 kms.
Salut à toi, O Orient que nous aimons tant!
Nous quittons Amman au petit matin, cette ville aux maisons couleur de sable grimpant sur les collines.
Départ à l’aube, dans les lueurs mauves du jour qui s’éveille. Nous étions à bord d’une vieille américaine, sur fond de notes sensuelles de musique orientale. Nous allons traverser un désert aux couleurs volcaniques, croisant un défilé incessant de camions sans âge venus d’Irak.
A la frontière…
A la douane une queue « spéciale VIP et étrangers » nous permet de sortir de la masse de candidats à traverser la frontière. Coté Irak, le visage de Saddam s’épanouit sur un mur entier. On a toute l’occasion de l’admirer, un thé à la menthe à la main, offert par le douanier du coin alors que nous sommes enfonces dans des fauteuils bien rembourrés.
Un touriste américain en Irak sans raison officielle peut risquer une peine allant jusqu’à 12 ans de prison. En outre, il devra régler la modeste amende de… un million de dollars. C’est ce dont nous informe un voyageur américain rencontré dans notre beau salon VIP.
Celui-ci travaillait pour une ONG. Il avait visité les hôpitaux à travers l’Irak. Conclusion de son séjour: notre nouvel ami américain avait honte de son pays…
Il avait rajouté que les Etats-Unis allaient « frapper un grand coup ». Un an plus tard, arrivait l’apocalypse en Irak.
L’histoire ne nous dira pas si notre compagnon de route était vraiment un humanitaire écœuré ou un agent de la CIA sur le retour…
On était loin de se douter de l’apocalypse qui se profilait déjà à l’horizon de l’Irak. Comme si il n’avait pas déjà eu son compte! On était déjà atterrés par l’absurdité de l’embargo.
Cet embargo était une vraie passoire, comme le montrait un défilé incessant de camions. Ces véhicules, datant du troisième âge, roulaient hors et en Irak, nuit et jour. Ils étaient chargés de tout ce qu’on peut ou on ne peut pas imaginer.
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