« L’effet Boomerang: les arts Arborigènes d’Australie ».
http://www.ville-ge.ch/meg/expo27.php
Elle a lieu en ce moment dans mon musée préféré, le MEG, le musée d’ethnographie de Genève, jusqu’en janvier 2018.
L’exposition présente donc le patrimoine culturel aborigène.
L’histoire du monde.
Lors du « Temps du Rêve », des êtres mythiques ont crée le monde.
Il n’y avait pas alors d’êtres humains. Venus des entrailles de la terre, ils ont sculpté les paysages. Ils ont écrit les lois qui régissent le vie quotidienne des aborigènes.
Leur vie religieuse se base sur la notion du rêve. Des lois régissent l’ordre physique, moral et spirituel de l’univers.
Dans les peintures, les artistes racontent l’histoire des ancêtres mythologiques. Comme sur une carte, ils desssinent le chemin silloné par les êtres mythiques lors du « Temps du rêve ».
La Terre vue du ciel.
Ils dessinent sur divers supports, comme les écorces des arbres. Certaines représentent la « Terre vue du ciel ». Elles montrent, vue d’en haut, le territoire appartenant à certaines populations. C’est une carte géographique.
D’autres peintures représentent aussi des trous d’eau, vus du ciel. Les aborigènes vivaient souvent dans des milieux hostiles, semi-désertiques. l’eau avait donc une valeur incontournable.
C’est une exposition passionnante. Elle raconte l’histoire de l’Australie, depuis ce jour oublié des dieux.
Un jour où, comme sur tant d’autres terres, des étrangers mal dégrossis, venus des antipodes, posèrent leurs pieds. Pour une raison pour moi parfaitement obscure, ils décrétèrent que leur civilisation était supérieure, l’unique.
C’était tout simplement l’application basique de la loi du plus fort. Aussi grossière et primitive qu’elle soit.
Leur premier pas y sonnèrent la fin d’un monde. Le début d’un autre, que les natifs du pays ne reconnaitraient plus.
En Australie, ce fut un jour funeste de 1770. Le capitaine Cook venait d’aborder. Pour lui, sur ces terres nouvellement découvertes, il n’y avait personne, ni, rien, non plus.
Il y avait seulement « quelques sauvages » adeptes de la cueillette et de la chasse. Même pas assez civilisés pour cultiver la terre.
Comme Cook ne reconnaissait aucune administration ni autorité, il décréta ce territoire comme une « Terra Nullia ».
Une Terre qui n’appartient à personne.

Si j’avais été à la place de Cook, j’aurais fait de la plongée, lu des livres, discuté avec les habitants, un point c’est tout.
Le pays se retrouva directement propulsé dans l’arrière cour impériale britannique.
Peu importe que l’Australie aie été peuplée depuis 60,000 ans. Au 18 ième siècle, l’Australie comptait 750 000 habitants.
Le site n’était donc pas vraiment désert…
Les Anglais se livrèrent au sport national des pays colonisateurs.
Il fallait dresser les « sauvages ». S’accaparer leur terres, placer les enfants dans des familles de « blancs » avec toute l’horreur qu’on n’imagine même pas. Ils sacrifièrent ainsi des générations entières pendant un siècle entier, parquèrent les natifs dans des réserves…
Qui sont les sauvages, dans l’histoire???
Les missionnaires en Afrique, les conquistadors espagnols, puis tout le monde un peu partout, ne détruisaient ils pas tous les colifichets pour introduire la bonne parole? Sans parler du reste?
Le Boomerang

- On utilise les boomerangs non seulement pour chasser, faire de la musique, creuser le sol ou dessiner sur le sable.
Cette fameuse arme que l’on lance et qui revient.
Pourquoi le Boomerang?
Beaucoup de chasseurs vivaient dans les zones désertiques de l’Australie. Qui dit désert, dit peu d’arbres et donc peu de bois. Ils ne pouvaient donc pas se permettre de perdre leur arme à chaque fois qu’ils partaient chasser!
C’est autour de ce mouvement que l’idée de l’expo s’est construite. Le retour.
On a voulu détruire le patrimoine aborigène. Il revient cependant, grâce aux magnifiques oeuvres des artistes aborigènes d’aujour’hui.
Depuis peu, on accepte enfin l’idée que l’art local, quel qu’il soit dans le monde, est un art en soi.
Celui-ci n’est plus, comme il le fut pendant si longtemps, catégorisé comme des objets hétéroclites regroupés dans une sorte de « cabinet de curiosités »
Comme le proclame l’effet « Boomerang » dans l’exposition, l’art aborigène renait.
Non seulement on redécouvre de splendides œuvres d’art anciennes comme de la peinture sur écorce, des arbres gravés, des objets de la vie quotidienne d’une grande beauté…
…Aussi des peintures d’artistes contemporains absolument magnifiques.






L’exposition soulève une question qu’on oublie trop souvent.
Il faut réapprendre à écouter la Terre, à écouter ses hommes. Ceux-ci qui ont si bien appris à regarder le monde et la nature…
N’est-il pas temps de commencer à redécouvrir et écouter cette même Terre, la nature et ses lois avec leur regard?
Comment ces envahisseurs, au fil des siècles, ont-ils pu passer à coté de telles richesses culturelles?
Non seulement en Australie, mais aussi en Afrique, dans les deux Amériques, au Moyen-Orient, en Asie, bref, partout?


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