Au départ d’Istanbul
Si Istanbul est une ville absolument magique, ses aéroports sont des poèmes.
Au retour d’un séjour avec des amies dans cette ville magnifique, je partis trois heures en avance de notre quartier général, confiante d’avoir mon vol.
La ville, au petit matin, était déserte: pas d’embouteillages dantesque, rien. A l’arrivée à l’aéroport, j’ai vite compris où était tout le monde: ici!
To take off or not…
Une queue s’était formée devant l’aéroport: contrôle de sécurité. Bon. Le temps que tout le monde balance ses bouteilles d’eau et se défasse de leur méharée, cela prit un peu de temps.
Mais, une fois cette queue passée, une autre, beaucoup plus longue, imitant vaguement des zig zags – serpentait devant les comptoirs d’enregistrement. Celle-ci évoquait un gros boa long de 200 m. Par miracle – ou sous la pression de la foule- un élastique séparant les files sauta sous mon nez. Je jouais à la touriste ne comprenant rien, et shame on me, me jetait dans le chaos.Alea Jacta Est! Je m’épargnais quelques 100 m de fin de queue.
Ce qui me valu d’avoir les orteils écrasés par des chariots bourrés de valises ayant la taille et le poids d’un troupeau d’éléphants lancés à toute vitesse pour récupérer l’espace vacant.
Leur propriétaire turcs insultaient mes voisins qui m’avaient imitée. Moi, je prenais l’expression d’une oie blanche perdue dans la jungle.
Valait mieux, ils n’étaient pas contents. Quand, enfin je réussissais à m’enregistrer, mon regard se tourna sur l’horizon proche. La vision qui s’offrait à moi était apocalyptique: l’équivalent de 1000 mêlées de rugby s’agglutinaient devant la douane. Un maelstrom humain sans queue ni tête. D’ailleurs, comme je ne savais pas où était la fin de la queue, je me suis mise n’importe où, suivie par des Turcs que se sont fait insulter à ma place. J’avais d’ailleurs demandé à une touriste teutonne où était la fin du début, mais elle avait perdu aussi son latin. Alors, nous nous jetâmes de bon cœur dans la foule.
Après environ une heure d’attente où les passagers de plus en plus hystériques tentaient plus ou moins discrètement de se marcher dessus, j’atteignis la douane. But! …mais non…
Une autre queue, pour d’autres contrôles de sécurité, où tout le monde recommençait à se débarrasser des ses containers à roulettes…
Une fois passée cette quatrième queue, il fallut se battre pour pouvoir trouver une place pour siroter un café bien mérité.
Ce gymkhana- bain de foule m’avait pris deux heures…
Amis voyageurs, si vous repartez d’Istanbul, soyez avisés! Partez longtemps en avance! Il faut, en temps normal, compter aussi sur le maelstrom routier entre Istanbul downtown et les 50 km reliant la ville aux aéroports…
In the air…
Nous allions décoller d’Istanbul vers Kuala Lumpur….
Comme nous avions du temps, nous nous étions échappés pour diner en ville, en face des ces mosquées si belles que sont la mosquée bleue et Sainte Sophie avant de revenir à l’aéroport. En savourant les mezzes, notre compagnie nous annonça que notre vol, au lieu de partir à 23h partait à 5h du matin. L’idée de passer une nuit blanche au milieu d’un mer humaine en mouvement permanent ressemblait à un cauchemar.
Vibrations d’un aéroport..
Argh! nous sommes noyés dans ce flot humain ininterrompu composé par les hordes de passagers. Mais d’où viennent-ils? Il y a autant de monde à minuit qu’à midi. Ceci dit, cet aéroport est le rendez vous du monde entier. On y observe les hadj vêtus de blanc au retour de la Mecque, des habitants kirghizes en tenue traditionnelle, des groupes de Chinois, des orientaux plus ou moins disciplinés, des Indiens, des Russes, tous mélangés pele mele, courant dans tous les sens, ont l’air un peu perdu..
Comment décoller malgré la mauvaise volonté éventuelle de l’avion…
Amis passagers, sachez que si votre vol a plus de quatre heures de retard, vous avez le droit d’être compensé. Mais cela relève du parcours du combattant.
Il faut s’armer de patience. En réalité, on a plutôt envie de s’armer d’une Kalachnikov. Nous avons été envoyés à tous les comptoirs, téléphoner à une hot line, renvoyés au même comptoir, puis en dehors du check in, en dedans, en dehors et encore au dedans…
Nous avions repéré qu’un vol pour Singapour partait à la même heure et comptions être mis sur celui la..
Finalement, à force de persévérance, nous sommes arrivés en face du bon comptoir… repéré grâce aux cris d’une harpie pas contente parce que son vol était retardé. ( le même que le notre). Elle criait contre les employés, ou toute seule, profitant de son public personnel…le compagnon infortuné.
Ca ne fait pas du bien à la réputation de la gent féminine
Vu de l’extérieur, même si on est énervés aussi pour la même raison, sachez que les individu(es) qui crient se font du bien en criant mais ont l air ridicules. – et n’arriveront pas forcement à leur objectif.
Bref, enfin, après une heure de galopades et d’excursion de comptoir en comptoir, de bain de foule et de fin de « non recevoir » nous sommes arrivés à nos fins.
Nous décollions pour Singapour! De la, nous avions une connexion pour Kuala Lumpur.
And landing!!
Après une nuit en vol hors du temps, au dessus de plusieurs mondes, on atterrit au delà du Pacifique… J’aperçois les premières petites iles de l’Indonésie posées sur l’eau, cernées des super tankers venus des quatre coins du monde…
Une Genève asiatique
Voici Singapour » la Suisse » de l’Asie du Sud-Est . Juste avant d’atterrir, on survole un golf, au bord de la mer… Moi, je préfère cette Genève tropicale.
L’atmosphère feutrée de l’aéroport nous fait oublier le capharnaüm de son équivalent d’Istanbul. Plantes tropicales grandeur nature, petits jardins au cœur de la zone de transit, mini voitures silencieuses transportant le passager pressé d’une porte à l’autre…. Cette ambiance ouatée donne l’impression d’être hors du temps.
Il y a juste un Américain qui braille à notre comptoir de transfert..
« Do not walk away from me! crie t-il à l’hôtesse singapourienne. « Nobody walks aways from me! » hurle t-il.
En voila un qui aurait bien besoin que je lui donne une leçon de savoir vivre interculturel, me dis je…
Bref. Pauvre occidental qui se comporte comme si il était en terrain conquis…
Il ne faut pas oublier qu’à Singapour, tout est réglementé, et gare à celui qui sort des sentiers battus.. On est loin du temps où Lord Stamford Raffles, administrateur de la couronne britannique, tuait les tigres sous sa table, tout en sirotant son thé installé dans l’hotel éponyme..
Mais bref, tout cela est bien joli, nous repartions pour Kuala Lumpur… Ma valise allait elle me suivre?
Que nenni, même si celle ci vint par le chemin des écoliers 24h plus tard, n’oubliez pas, amis voyageurs que l’avion ne décide pas toujours tout à votre place!