Au cœur de l’ancienne Indochine
En route vers Hué
D’abord, le Pacifique. Au large du Vietnam, il est désigné comme la mer de Chine Méridionale… En atterrissant à Danang, on le rejoint, et on voudrait le côtoyer, toujours plus loin. Courir sur la plage au sable clair et nager vers l’horizon…jusqu’au Mexique, pourquoi pas!
La route grimpe les montagnes. Au loin, apparait une église, au clocher multicolore. Celui-ci est beaucoup plus exubérant que ses congénères occidentaux. Nous rejoignons à nouveau la mer, lovée dans une lumière gris perle. Des rizières s’étirent, où des hommes y mènent des buffles toutes générations confondues.
Hué
Ancienne capitale impériale de l’Annam au 19 ès, Hué fut la capitale officielle du Vietnam sous le « protectorat » français. Un énorme portrait de Ho Chi Minh garde l’entrée de la ville, sous lequel est inscrit un slogan dont le sens nous demeure obscur.
Aujourd’hui, Hué trépigne, vit, bouge à 1000 à l’heure. Traverser la rue ressemble est un challenge. Il faut évaluer l’espace vide entre le 999 ième et 10000 ième scooter qui nous sépare du trottoir d’en face.
Mais les véhicules roulent relativement lentement, donc tout va bien.
Un, deux, trois! Mettons le cap vers l’autre rive- dans ce fleuve aux eaux vives composé d’un peloton ininterrompu de scooters. Ne pensez à rien en traversant! Sinon, vous resterez bloqué au milieu de la route tel une antilope hypnotisée par les feux des phares…
Et Hop! On arrive en un seul morceau sur le trottoir d’en face. Ouf! le trottoir constitue un îlot au milieu d’une mer déchainée. We made it!
LE SAIGON MORIN HOTEL
J’adoooore les hôtels coloniaux!
En face de la rivière des Parfums, s’élève l’hôtel Saigon Morin. L’établissement ouvrit en 1906, et accueillit, au fil du temps, l’ensemble de la communauté française sous le protectorat.
Aujourd’hui
Happy New Year! Xin Nian Kuai Le! Feliz Ano Novo! Feliz ano Nuevo!
L’hôtel brille de tous ses feux, à tous les sens du terme! Le soir, ses façades passent régulièrement du bleu au rose au rouge au jaune. Pendant la période de Noel et du Nouvel An, les lieux montrent un très grand enthousiasme envers ces deux évènements. Sur la façade, des affiches « Happy New Year » hurlent leurs vœux à la face de chaque passant.
Le hall d’entrée baigne dans une nouvelle déclinaison de lumières. Un grand sapin enneigé aux lumières bleutées s’élève en face de l’entrée- sans doute le fantasme de celui qui vit en permanence sous les tropiques. A chacun ses rêves: qui vit dans un pays tempéré rêve peut-être d’un atoll du Pacifique ou des Tropiques, ou de jungle… L’homme du désert, rêve d’arbres. Souvent, en plein Sahara, on observe sur les murs d’une gargote un paysage de cascades et de prairies.. A chacun son Ailleurs…
Hier et Avant-Hier…
En grimpant les escaliers, (on va plus vite qu’avec l’ascenseur) on remonte le temps.. De longs couloirs aux murs parsemés de photos évoquent l’histoire de l’établissement.. Le temps s’est arreté. Sur les photos, des visages figés, des clichés de réceptions officielles, des scènes de fêtes de villages.
D’autres photos immortalisent la visite de personnalités, de celles des maitres des lieux… .. Clichés de Hue sans gratte-ciels, sillonée de rickshaws et de tractions avant. L’hôtel raconte son histoire. Il constituait un refuge, une étape, un point de rencontre, un quartier général, pour les locaux, les commerçants, les résidants, les aventuriers, ou les simples voyageurs. Il devint un temps une université avant qu’on lui rendit sa fonction première.
Les bâtiments sont restés les mêmes, et ont conservé leur charme. Loin de l’effervescence du hall, on se repose d’une longue journée d’explorations.. Le long du couloir, s’alignent de grandes chambres aux couleurs coloniales, au plancher et aux meubles aux tons acajou et aux murs aux couleurs crème. On pourrait presque écouter battre le cœur de l’hôtel ou l’entendre raconter son histoire. Ces couloirs ont du voir passer tellement de personnages, être témoins de tant de passions, de joies, de fêtes…
De la fenêtre, apparaissent d’autres bâtiments coloniaux, autrefois des résidences, maintenant des bureaux officiels. Ceux ci arborent fièrement le drapeau écarlate vietnamien. Le paysage s’ouvre au loin sur la rivière aux parfums traversée par un pont colonisé par des véhicules à deux, quatre, huits roues..
La terrasse cernée d’un jardin, au cœur des bâtiments est mon endroit préféré. Après une journée non-stop d’exploration, qu’il est doux de s’installer les doigts de pieds en éventail dans ce havre de paix à coté d’une piscine en forme de Barbapapa! Si les doigts de pied en question ont été trop sollicités tout le long de la journée, on peut les emmener au salon de beauté…
Des Soins de beauté musclés
J’ai testé le massage des pieds. Triple zut! ils sont aussi douloureux qu’en Chine, meme si on a l’impression d’avoir des pieds de velours et d être ensuite dans un état second… Une masseuse leur fait passer un sale quart d’heure, alors qu’une deuxième dame, esthéticienne de son état, a passé une lampe de spéléologue sur le front pour me peindre les ongles.
» Pas assez de lumière ici » me dit elle. « Ah! », dis je en rigolant et en observant les affiches représentant toute l’anatomie du pied. Elles m’observent et font leur commentaires en vietnamien auxquels je ne comprends rien du tout et affiche un sourire béat et content.
« Aiou »! dit la masseuse des pieds quand elle appuie sur un point sensible. « Aiou! » répondis je avec un sourire crispé et tout le monde rigole.
Peut-être font elles un commentaire sur mes ongles coupés en zigs zags qui ne ressemblent à rien… y a du travail. Comment font elles, celles qui sont toujours impeccables????
J’ai aussi testé le soin et massage du visage version locale. Paf, paf, paf, font le bruit des mains du masseur sur mes pommettes. » Ca va? me demande – t il? »
« Oui oui oui, » répondis je, puis » Aiou, » dis je quand celui ci enlève la crème plâtre glue à 100 % de ma peau – ouf celle-ci n’est pas partie avec- et oops dit le masseur quand il enlève le peeling, et crrrrr gémit la banquette voisine quand une baleine américaine vient s’allonger sur celle-ci.
« Amuses-toi bien », pensais- je en mon for intérieur en regardant ma voisine cétacée, tandis que le masseur étalait sur son visage une crème barbare.
Ah! que ne suis je bilingue en vietnamien! (c’est toujours frustrant de ne point parler une langue!) J’aurais bombardé de questions mon masseur sur les diverses phases du massage mais, que nenni, je repartais la peau douce et pleine de questions.
Aujourd’hui, demain et après demain!
Demain commence une nouvelle année: 2016! Alors, en face de la porte de l’hôtel, vient danser un dragon, pour que cette année soit heureuse. Cet animal mythique, venu nous rendre visite, symbolise la fortune, la chance, le bonheur.
Ici, on fait les choses en grand: des personnages immobiles déguisés en je ne sais quoi encadrent l’immense sapin de Noel. Tous les visiteurs peuvent se faire photographier entre ceux-ci (mais comment font ils pour rester immobiles si longtemps?
Nous, les joyeux drilles, buvons de bons cocktails couleur écarlate – la couleur du bonheur_ pendant que touristes vietnamiens et occidentaux virevoltent autour du sapin, boivent, se dandinent, admirent en même temps que la foule amassée dehors la danse du dragon.
Cet hôtel centenaire est plus vivant que jamais. Sans perdre son âme, celui-ci traverse l’histoire tel un super tanker fendant les eaux du Pacifique.
Premier Janvier 2016
Comment ne pas passer une année magnifique, quand tout le personnel de l’hotel vous souhaite une bonne année!
j’adore! Bonheur de résider dans un endroit aussi magique!
Amis voyageurs, si vous venez à Hué, descendez donc dans cet hôtel! N’oubliez pas vos massages des pieds et du visage…
Sens du service, confort, page d’histoire, tout y est! Nous y ferons notre quartier général quand nous y reviendrons.
Que le dragon ci-dessous vous apporte une année de lumière! 2016 débute, et bientôt, nous allons célébrer le premier de l’an chinois!